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Les matériaux de la couleur au Moyen-Âge

Les couleurs employées par les copistes et les enlumineurs sont obtenues
à partir de pigments d'origine minérale ou végétale, et dans une moindre mesure issues du monde animal, notamment pour la gamme des rouges.


Les Commentaires de M. P.-A. Matthioli,... sur les six livres des simples de Pedacius Dioscoride,... avec une table médicinale ...
Lyon : Cotier, 1566 
FP 3277

Les encyclopédies jouent un rôle important dans la connaissance des recettes de pigments et de teintures.

Voici quelques recettes de couleur :

  • le noir : sarments ou os de bovidés broyés et calcinés.
  • le blanc : de plomb ou de céruse, de craie.
  • le rouge : tiré de la cochenille, du kermès, du minium, de la terre d'ocre rouge, du bois de santal, de la résine du sang dragon, ou du murex, un coquillage, pour donner la pourpre.
  • le glauque (jaune) : obtenu par des méthodes artificielles et dangereuses, comme le risalgallo, fait de chaux vive et d'arsenic, ou à partir de plantes comme le safran, la gaude, le curcuma, la chélidoine.
  • Le bleu : extrait des plantes comme le bleuet, le sureau, l'indigo ou tiré de minéraux tel l'azur d'Allemagne ou du lapis-lazuli, ou encore obtenu par mélange de corps varié, comme le bleu d'émail.
  • Le vert : tiré des baies de mûres vertes, des prunelles vertes, des baies de chèvrefeuille, de l'iris ou du lys ; de la terre verte ; du vert de cuivre.
  • Le rose : la base en est le bois de Brésil, préparé de nombreuses façons pour donner des tons variés.

Collectio Canonum
9e s.
RES MS C 2

Les couleurs se mélangent très mal, et souvent ne se mélangent pas du tout. L'artiste travaille « ton sur ton » après séchage, et joue avec les liants pour obtenir les nuances à partir d'un même pigment.

Les liants, indispensables pour faire adhérer la peinture à la surface du parchemin et pour pouvoir superposer plusieurs couches de couleurs, sont presque tous d'origine animale : lait, caséine, blanc d’œuf, cire, miel, graisses, huiles, urines (celle d'âne, particulièrement acide, est très appréciée), sucs et déjections diverses.
Des additifs les plus divers accompagnent souvent les ingrédients de base.

Novum testamentum
13e s.
RES MS B 24



Le roman de la rose
15e s.
RES MS ROCH B 103

Les encres noires utilisées par les scribes, dont on trouve des recettes dans les textes antiques de Pline, Dioscoride ou Vitruve, relèvent de deux catégories. Les encres au carbone, puis à partir du 13e siècle, les encres métallo-galliques qui se généralisent, jusqu'à l'avènement des encres « modernes » au 17e siècle. Leurs nuances peuvent varier du noir le plus profond à la couleur rouille.

Les encres au carbone sont constituées d'un pigment noir (produits calcinés ou noir de fumée) mélangé à un liant (gommes d'arbres, miel, blanc d’œuf, gélatine, huiles). Elles se présentent en général sous forme solide et sont diluées dans l'eau au moment de l'écriture.
Les encres métallo-galliques sont préparées à partir d'extraits végétaux (le plus couramment recensé étant la noix de galle) obtenus par décoction ou par macération. On y ajoute un sel métallique (sulfate de fer ou sulfate de cuivre) et un liant (le plus souvent de la gomme arabique). Elles se présentent à l'état liquide, sont souvent corrosives et attaquent le support (surtout le papier).



  Couleur, écriture et décorationDeux matériaux omniprésents : le minium et l’azurite