Héraldique
Apparues en Europe au milieu du 12e siècle, les armoiries représentent
la marque distinctive d'un individu ou d'un groupe (famille, corporation).
Le plus souvent figurées dans un écu, ou bouclier, elles se composent
de couleurs et de figures qui obéissent à des règles précises.
Les couleurs jouent un rôle important dans les armoiries. En effet, s'il en existe sans figures, ne comportant qu'une couleur, il n'y en a pas sans couleur. Nous ne connaissons pas forcément les couleurs de certaines : la polychromie a pu disparaître (sculptures) ou même ne pas avoir été présente dès l'origine (sceaux). Mais cela pose des problèmes d'identification, car une même représentation figurée peut donner lieu à différentes combinaisons de couleurs. Les couleurs héraldiques portent des noms particuliers et sont au nombre de 6 : rouge (« gueules »), blanc (« argent »), jaune (« or »), bleu (« azur »), noir (« sable ») et vert (« sinople »). Une règle principale régit leur emploi : elles sont divisées en deux groupes, or et argent d'une part ; gueules, azur, sable et sinople de l'autre ; les couleurs d'un même groupe ne peuvent pas être superposées ou mises côte à côte.
Les armoiries sont fréquentes dans le domaine du livre ancien, qu'elles fassent partie intégrante du contenu du livre, dans le cas d'un traité d'héraldique par exemple, ou qu'elles marquent le possesseur d'un exemplaire particulier, à travers un ex-libris ou une reliure armoriée.
Estienne GRAS. Discours prononcé à Montpelier dans l'église du monastère de Saint-Guillen, en présence de Monseigneur l'évêque de Mende, l'an 1675. |
Leggi, e costituzioni di sua maesta = Loix, et constitutions de sa majesté. |
Quand arrive l'imprimerie, majoritairement sans couleurs, se pose la question de la représentation des couleurs et de leur traduction en noir et blanc. La colorisation à la main, exemplaire par exemplaire, se fait moins fréquente à partir des années 1530 et peut se révéler fastidieuse pour un manuel d'héraldique comportant plusieurs milliers d'écus à colorer. Par ailleurs, il faut bien indiquer préalablement les couleurs à l'enlumineur chargé de les appliquer. Divers systèmes sont mis en place, traduisant les couleurs par des lettres, des symboles... Mais aucun ne se révèle totalement satisfaisant. C'est au début du 17e siècle qu'un système de hachures et de points prend le pas sur les autres : sans signe distinctif pour l'argent, semis de points pour l'or, hachures horizontales pour l'azur, verticales pour les gueules, obliques vers la droite pour le sinople et quadrillage pour le sable. Ce système, toujours utilisé aujourd'hui, s'étend au-delà de la gravure et touche la reliure, la sculpture, l'orfèvrerie...
Pierre DUVAL. Petites tables genealogiques touchant les droits et les interets des princes. |
De nos jours, les armoiries sont moins présentes, mais elles se prolongent à travers les drapeaux ou les panneaux de signalisation qui, bien souvent, respectent les règles d'association des couleurs héraldiques.
Un corpus remarquable : les incunables d'Erhard RatdoltUne symbolique omniprésente