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La reliure : parer le livre de couleurs

La couleur n'est pas uniquement présente dans le livre à travers
son contenu : l'objet en lui-même peut aussi s'avérer particulièrement coloré
à travers sa reliure.


SALLUSTE. Opera omnia...
Amsterdam : Hendrick Boom et veuve de Dirk Boom, 1690
RES ROCH 112

HARPOCRATION. De vocibus liber.
Leyde : Frederik Haaring, 1696
RES ROCH 10587

POLYBE. Ἱστοριων τα Σωζομενα = Historiarum quidquid superest. Tomus primus.
Leipzig : Weidmannsche Verlagsbuchhandlung, 1790
RES ROCH 12106

Le relieur, qu'on nommait « le lieur » lors de l'apparition de ce métier, est appelé ainsi car il coud ensemble les cahiers d'un livre. Avant l'an mil, il couvre le livre de cuir, l'aspect esthétique ne n'intervient pas, sauf exception,  dans son travail. Il utilise uniquement des cuirs non teintés, de mauvaise qualité, ou du parchemin. C'est à la suite des croisades que les techniques progressent : tannage du cuir, teinture, estampage, gaufrage, cuir incisé et dorure des peaux. On voit alors se développer les premières reliures à décors.
Ceux-ci se font « à froid », c'est-à-dire, sans couleur. Les nuances restent ainsi subtiles. Signets et tranchefiles, en tête et queue (bas et haut) du dos, ponctuent discrètement le livre de couleurs.

Jules CESAR. Commentarii.
Lyon : Sébastien Gryphe, 1536
RES INC A 190

Jules CESAR. Commentarii.
Lyon : Sébastien Gryphe, 1536
RES INC A 190

Coran
1698
RES MS ROCH 106

Coran
1698
RES MS ROCH 106

Biblia hebraica cum puntis et accentibus.
Paris : Robert Estienne, 1544
RES ROCH 4310

Biblia hebraica cum puntis et accentibus.
Paris : Robert Estienne, 1544
RES ROCH 4310

Recueil
Venise : héritiers d'Aldo Manuzio, 1520-1533
RES ROCH 11863

Recueil
Venise : héritiers d'Aldo Manuzio, 1520-1533
RES ROCH 11863

Nikolaus von REUSNER. Aureolorum emblematum liber singularis.
Strasbourg : Bernhard Jobin, 1591
RES ROCH 11866

Guillaume BUDE. Commentarii linguae graecae.
Bâle : Nikolaus Episcopius, 1556
RES ROCH 12233

Guillaume BUDE. Commentarii linguae graecae.
Bâle : Nikolaus Episcopius, 1556
RES ROCH 12233

Dès le 15e siècle, ce sont les tranches qui s'animent de couleurs : il existe alors un grand choix de décors peints et de tranches dorées.
Avec l'évolution des techniques, la reliure prend son essor et la couleur envahit les décors dès le 16e siècle. Tout d'abord, par les dorures : les dorures à l'or et à l'argent ainsi que l'ajout de cires colorées viennent habiller les reliures et compléter les décors à froid.

Evangelium Secundum Matthaeum, Secundum Marcum, Secundum Lucam, Secundum Johannem. Acta apostolorum...
Paris : Robert Estienne, 1543
RES ROCH 4312

 Le doreur possède alors une gamme d'outils développée : les fers (roulettes, fleurons, plaques), aux motifs nombreux et plus fins, permettant la sophistication des décors.

 

Jean-Joseph EXPILLY. La topographie de l'univers. Tome premier.
Paris : Jean-Baptiste-Claude Bauche, 1758
RES A 312

Jean-Joseph EXPILLY. La topographie de l'univers. Tome premier.
Paris : Jean-Baptiste-Claude Bauche, 1758
RES A 312

Juan Beltrán de GUEVARA. In Aristotelis mechanicas commentarii...
Rome : Mascardi, Giacomo, 1627
RES A 337

Léopold-Charles de CHOISEUL. Breviarium Albiense.
Paris : Apud bibliopolas usuum Parisiensium & Albiensium, 1764
RES A 342

Léopold-Charles de CHOISEUL. Breviarium Albiense.
Paris : Apud bibliopolas usuum Parisiensium & Albiensium, 1764
RES A 342

Léopold-Charles de CHOISEUL. Breviarium Albiense.
Paris : Apud bibliopolas usuum Parisiensium & Albiensium, 1764
RES A 342

Au cours du 17e siècle, c'est grâce aux progrès du tannage que le cuir prend des couleurs. Les cuirs « maroquins » (chèvre) rouges et noirs sont privilégiés pour les reliures de luxe. En reliure courante, c'est le veau fauve (ou brun foncé) qui est utilisé.
Après une surabondance de dorures sur les plats à l'extérieur, les reliures jansénistes imposent des compositions plus épurées. La couleur et les décors vont alors s’immiscer à l'intérieur du livre. Les gardes sont richement décorées et colorées. Les papiers marbrés font leur apparition, et sont utilisés en tant que papiers de garde.
Durant le 18e siècle, le cuir diversifie ses couleurs : maroquins crème, bleu, citron, vert olive pour les reliures de luxe.

Le relieur n'est désormais plus anonyme, il privilégie un type de cuir pour son propre style de décor, qu'il commence à signer. Les tranches sont également colorées ou dorées.

Le « lieur » ne fait alors plus seulement le lien entre les cahiers. La diversité des matériaux (cuirs, papiers) et des techniques qu'il emploie, nécessite qu'il sollicite d'autres métiers. Un seul livre implique aussi un tanneur, un marbreur, un doreur. Chaque exemplaire d'un livre présente ainsi son unicité.



  La lithographie ou l'explosion de la couleurLes tranches ornées