Sciences et couleurs : des apports réciproques
Aux 17e et 18e siècles, savants et artistes bénéficient de leurs découvertes réciproques, les travaux des uns permettant aux autres d'innover, et vice versa.
François d'Aguilon propose dans son ouvrage Opticorum un schéma distinguant les couleurs primaires, qu'il nomme « moyennes », des couleurs secondaires, « mêlées ».
Le noir et le blanc, couleurs « extrêmes », sont placées sur le même plan que les couleurs primaires. Il rend ainsi visible ce que les peintres appliquent empiriquement, à savoir les mélanges, qui ne cadrent pas avec la conception antique de la couleur. L'ouvrage d'Aguilon est illustré par le peintre Pierre-Paul Rubens (1577-1640) : frontispice et bandeaux montrent une compréhension du sujet et une implication certaine de l'artiste, qui applique les techniques de mélanges dans ses œuvres, fait rare aux siècles précédents, où l'on préfère utiliser directement le pigment approprié.
François d'AGUILON ; Pierre-Paul RUBENS (ill.). Opticorum libri sex philosophis juxta ac mathematicis utiles. |
Les œuvres des grands peintres sont reproduites et circulent dans toute l'Europe grâce à la gravure, le plus souvent en noir et blanc. Les graveurs s'attachent à rendre la couleur par leur technique. Rubens n'hésite pas à demander à l'un de ses graveurs de modifier ses « couleurs » pour mieux correspondre à l’œuvre originale.
DENYS L'AREOPAGITE ; Pierre-Paul RUBENS (ill.). Opera... |
La technique de la gravure en camaïeu, qui trouve ses origines dès le 16e siècle en Allemagne, puis en Italie, permet d'apporter quelques touches de couleurs et d'imiter les dessins des maîtres. Plusieurs matrices sont nécessaires, pour le noir, pour le blanc et pour chaque nuance d'une même couleur.
Jean-Baptiste PAPILLON. Traité historique et pratique de la gravure en bois. |
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Science, techniques et couleurs : du 17e au début du 19e siècleUn 18e siècle tout en nuances