Focus sur le scriptorium d’Albi

Pendant plusieurs siècle il y a eu à Albi un scriptorium, c'est-à-dire un atelier
de copie de manuscrits. Dépendant du chapitre cathédral, son activité
est attestée dès le 8e siècle, mais c'est au début du 12e siècle qu'il connaît
son apogée, sous la conduite de l'archidiacre Sicard.

Le Rituel d’Albi est un chef-d’oeuvre du scriptorium de Sicard. Celui-ci décline son identité grâce à une habile mise en page, à l’utilisation de la couleur : une encre verte place, en tête et en queue de phrase, le patronyme du copiste et la mention de sa fonction ( scriptoris … Sicardi ).

À quatre reprises dans le manuscrit, le scribe joue de la polychromie des lettres et des phrases (rouge, noir, jaune, vert et bleu) pour mettre en lumière les pages les plus importantes. L’emploi de cette palette aux tonalités vives et contrastées est typiquement méridional. L’utilisation du jaune d’or, à la luminosité exceptionnelle, combinée à l’élégance d’une minuscule caroline de large module, révèle le niveau d’excellence atteint par le scriptorium albigeois.

Rituale albiense
Albi, 12e s.
RES MS A 3

Le Livre des sacrements, signé par l’archidiacre Sicard, est un exemplaire de luxe sur parchemin ultra-fin. Les titres sont copiés à l’encre rouge pour plus de lisibilité. La palette contrastée de couleurs inclut des éléments figuratifs (oiseaux et canidés) et décoratifs (rinceaux, acanthes, palmettes et demi-palmettes). Un listel rouge souvent découpé en escalier délimite l’aire de l’initiale. Les défets de reliure en velours violine découverts lors d’une campagne de restauration et remontés en fin de volume confortent l’idée d’une destination somptuaire.

SICARD. Liber sacramentorum Sancti Gregorii papae, ad usum ecclesiae albiensis depositus
11e s.
RES MS B 5

SICARD. Liber sacramentorum per anni circulum, ad usum ecclesiae Albiensis
12e s.
RES MS B 6