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Les grands noms de la cartographie

La géographie sous l'Antiquité

Chaque époque a connu de grands géographes. Les noms de certains d'entre eux nous sont toujours familiers, d'autres moins...

La géographie, c'est-à-dire l'étude et la description de la Terre, est une discipline ancienne. Dès l'Antiquité, les hommes ont cherché à représenter leur territoire et le monde.

Hérodote, le premier géographe grec

Hérodote (484-420 av. J.-C.) est le premier historien et géographe grec. Il voyage en Égypte, en Babylonie, dans les îles grecques et sur les rives de la Mer Noire. La carte présentée est une reconstitution du monde selon Hérodote. Elle est réalisée à partir du texte de la Géographie qu'il a écrit. Les pays connus par Hérodote sont indiqués en traits hachurés, et les contrées dont cet historien supposait l’existence sont marquées par des lignes de points.

   

Pierre Lapie, Atlas complet du précis de la géographie universelle de M. Malte-Brun, 1812, Médiathèque Pierre-Amalric, FP 1559.

Ce sont les Grecs qui ont posé les bases de la cartographie avec Thalès de Millet, imaginant la rotondité de la Terre vers 650 avant J.-C., avec Ératosthène calculant la circonférence du globe au IIIe siècle avant J.-C., et avec Ptolémée compilant le savoir grec dans son ouvrage Géographie vers 150 après J.-C.

Eratosthène, l'inventeur du mot « géographie »

Ératosthène (284?-192? av. J.-C.) est astronome, géographe, mathématicien, historien et conservateur de la bibliothèque d'Alexandrie. Il est l'un des fondateurs de la géographie. Il réalise une carte du monde connu à la fin de l'ère grecque à partir des récits des navigateurs conservés à la bibliothèque d'Alexandrie. Ératosthène a également calculé la circonférence de la Terre en comparant la différence d'inclinaison des rayons du soleil entre Alexandrie et Syène (aujourd'hui Assouan). Le résultat est proche de ceux obtenus aujourd'hui.

   

Pascal-François-Joseph Gossellin, Géographie des Grecs, 1790, Médiathèque Pierre-Amalric, FP 3914.

Pour réaliser leurs travaux, ils ont mélangé leurs talents de géographes, de mathématiciens et d'astronomes.

La représentation du monde sous l'Antiquité correspond à une terre ronde, habitée seulement sur un quart : c'est l'oecumène (terre habitée), isolé par un océan infranchissable. Les Grecs représentent le monde connu à leur époque, mais évoquent un continent inconnu de l'autre côté de la Terre : les Antipodes.

Strabon, géographe grec au service du monde romain

Strabon (60 av. J.-C.?-20 ap. J.-C.?), historien et géographe grec, est l'auteur d'une Géographie dans laquelle il décrit le monde connu à son époque, ainsi que sept climats différents qui apparaissent sur la carte présentée ici. Sept vents avec leur nom sont figurés. C'est le même Strabon, qui, grâce à ses nombreux voyages, a participé à l'élaboration de la liste des sept merveilles du monde.

Christoph Cellarius, Notitia orbis antiqui, sive Geographia plenior..., 1731, Médiathèque Pierre-Amalric, RES ROCH 535.

Les grandes découvertes

Les XVe et XVIe siècles sont importants dans l'histoire de la cartographie. C'est le temps des grandes découvertes, des expéditions maritimes et des avancées dans la réalisation des cartes géographiques.

Vers 1400, les manuscrits de Ptolémée sont redécouverts et traduits en latin. L'occident a désormais les outils nécessaires, notamment grâce aux projections, pour représenter le monde connu. Le Nouveau Monde est découvert en 1492 et le terme « America » apparaît sur une carte pour la première fois en 1507.

La première carte mentionnant l' « America »

La carte représentée ici, réalisée par Martin Waldseemuller (1470-1521), chanoine dans une église de Saint-Dié-des-Vosges, est considérée comme le « certificat de naissance de l'Amérique » : elle est en effet la première à mentionner le terme « America » sur ce continent, en hommage au navigateur Amerigo Vespucci. Ce planisphère reprend les dernières informations connues sur le monde, recueillies par des explorateurs. La projection utilisée est dérivée de la projection en manteau de Ptolémée (2ème projection de Ptolémée, où les méridiens sont des courbes. (Cf. panneau « Projection cartographique, une autre façon de voir le monde »). La carte originale a été imprimée à Saint Dié-des-Vosges.

Carte de Martin Waldseemuller, Library of Congress, Geography and Map Division, G3200 1507.W3

Ces grands voyages effectués par des navigateurs comme Christophe Colomb ou Magellan permettent d'élargir les connaissances géographiques de la Terre. Au XVIe siècle, les mathématiques et l'astronomie se renforcent, ce qui permet d'inventer des techniques différentes de projection permettant de représenter la Terre dans sa globalité sur un plan à deux dimensions. En 1570, le premier atlas regroupant des cartes est publié : c'est le Theatrum orbis terrarum d'Abraham Ortelius.

Le premier atlas : Abraham Ortelius

Abraham Ortelius (1527–1598), géographe du roi Philippe II d'Espagne, grand voyageur et ayant suivi une formation de graveur de cartes, est le premier à créer un atlas en 1570 avec son Theatrum orbis terrarum. Cet ouvrage regroupe des cartes de différents géographes, réduites à la même échelle. Elles sont accompagnées d'un texte explicatif et publiées sous forme de recueil. La page présentée est dominée par la « Terra australis nondum cognita », c'est-à-dire la Terre Australe encore inconnue, qui fait écho aux géographes qui croient en l’existence d'un grand continent à proximité du pôle sud.

Abraham Ortelius, Theatrum orbis terrarum, 1592, Médiathèque Pierre-Amalric, FP 4569.

Les instruments de navigation sont perfectionnés, et les explorateurs parcourent le monde. Petit à petit, la « Terra incognita » (terre inconnue) tend à disparaître des cartes au fur et à mesure de la découverte de nouvelles contrées.



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