D’autres Mappae mundi

La Mappa mundi de Cosmas Indicopleustès (exemplaire du IXe siècle)

Cosmas Indicopleustès, marchand égyptien du milieu du VIe siècle, écrit à Alexandrie un ouvrage intitulé Topographie chrétienne, dans lequel il dresse une carte du monde. Il s'attache à une interprétation stricte des Écritures et conteste la sphéricité de la Terre. L'exemplaire proposé, contenu dans un manuscrit du IXe siècle conservé au Vatican, montre une représentation du monde sous forme de tabernacle rectangulaire. La Terre se divise en trois parties : la terre habitable, qui occupe le centre, l'océan, qui entoure cette terre, et un autre continent à droite, qui figure le paradis.

Cosmas Indicopleustès, Topographia christiana, IXe siècle, Bibliothèque vaticane, Vat.gr.699 (cliché © copyright of the Vatican Library (Biblioteca Apostolica Vaticana)).

La Mappa mundi du Vatican (VIIIe siècle)

La Mappa mundi conservée au Vatican est incluse dans un manuscrit copié vraisemblablement en Italie entre 762 et 777 sur un original byzantin. Pourtant contemporaines, les Mappae mundi d'Albi et du Vatican n'ont aucun point commun, ni par la forme, ni par la distribution générale.

Isidore de Séville, Chronica, IXe siècle, Bibliothèque vaticane, Vat.lat.6018 (cliché © copyright of the Vatican Library (Biblioteca Apostolica Vaticana)).

La Mappa mundi d'Isidore de Séville (impression du XVe siècle)

Isidore, archevêque de Séville (530-636), rédige la première encyclopédie chrétienne Les Étymologies, qui est un résumé des oeuvres classiques. Il y décrit la Terre avec trois continents : l'Asie, l'Europe et l'Afrique, entourés d’un océan. L'orient est en haut de la page. Les cartes d'Isidore de Séville sont généralement des mappemondes de forme « T dans le O », dans lesquelles la Terre est figurée par un cercle et la lettre T sépare les trois continents. La barre verticale du T représente la mer Méditerranée, et la barre horizontale représente le Nil et le Tanaïs (fleuve de la Bible). Ici, la lettre T n'est pas tracée, elle se devine.

Isidore de Séville, Etymologiae, 1499, Médiathèque Pierre-Amalric, INC 226.

La Mappa mundi de Saint Béat (exemplaire du XIe siècle)

Saint Béat (milieu VIII-798) est un moine espagnol du monastère de Santo Toribio de Liébana à la réputation de grand érudit. Son Commentaire de l'Apocalypse, élaboré en 780, comportait une Mappa mundi dont l'original a été perdu, mais copié à plusieurs reprises. La Mappa mundi de l'exemplaire de l'abbaye de Saint-Sever (Landes) au XIe siècle (conservé à la BnF) présentée ici est guidée autant par la théologie que par la géographie. Elle est orientée vers l'est. La Terre est divisée en quatre : l'Asie, l'Europe, l'Afrique et une « deserta Terra » à droite. La Méditerranée est représentée par une ligne bleue et la Mer Rouge par une ligne rouge. L'océan entoure la Terre, c'est la limite du monde habitable.

Saint Béat , Commentarius in Apocalypsin, XIe siècle, BnF, Département des Manuscrits, Ms Latin 8878.

La Cotton map (XIe siècle)

La Cotton map est une carte anglo-saxonne du XIe siècle, conservée à la Bristish Library (Londres). Elle est de forme rectangulaire ; l'est se trouve en haut de la page. La Terre est entourée d'un océan, et la Méditerranée entre dans les terres. Des fleuves sur le continent africain sont en rouge ; les montagnes sont de couleur verte. Quelques villes sont représentées comme Londres, Rome, Jérusalem, Alexandrie, Babylone. Les colonnes d'Hercule (nom donné aux montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar) sont dessinées tout en bas de la carte. Des références bibliques sont mentionnées comme l'Arche de Noé, se trouvant sur le mont de l'Arménie.

Computistical, historical and astronomical miscellany with added documents from Ely and Exeter, XIe-XIIe siècle, British Library, Cotton MS Tiberius B V/1.

La Mappa mundi du Liber Floridus (XIIIe siècle)

Lambert de Saint-Omer (1061-1125), chanoine, compilateur, et prédicateur, a composé le Liber Floridus au XIIe siècle, qui est une synthèse des savoirs de son époque sur le monde et les astres. Dans cet ouvrage, conservé à la BnF, se trouve une Mappa mundi. Cette carte fait partie des mappemondes de type « mixte » (Cf. panneau « La représentation du monde au Moyen Age »). A gauche de la carte se trouvent les trois continents connus, tandis qu'à droite, la Terre Australe inconnue est dessinée

Lambert de Saint-Omer, Liber Floridus, XIIIe siècle, BnF, Département des Manuscrits, MS Latin 8865.

La mappemonde de Sawley (XIIe siècle)

La mappemonde de Sawley (aussi connue sous le nom de « carte d'Henri de Mayence »), qui provient de l'abbaye cistercienne de Sawley, et aujourd'hui conservée à Cambridge, a été dressée en 1180. Elle est orientée à l'est, et propose quelque 230 informations géographiques provenant de sources classiques et de références bibliques. La carte est encadrée par quatre anges. Le paradis se situe dans une île où coulent quatre fleuves, conformément à la Genèse, et il domine le monde.

Imago mundi. Pliny. Historia Anglorum. Miscellaneous Theological Texts, f.2 v., MS 066, Parker Library, Corpus Christi College, Cambridge.

Carte du Psautier (XIIIe siècle)

La carte présentée est une Mappa mundi de type « oecuménique » (Cf. panneau « La représentation du monde au Moyen Age » ). Elle date d'environ 1260 et se trouve au sein d'un Psautier conservé à la British Library (Londres). Elle est centrée sur Jérusalem avec l'Asie vers le haut de la carte, et l'Europe et l'Afrique en bas. Les douze vents sont visibles. L'océan et les mers sont en vert, sauf la mer Rouge qui est de couleur… rouge. Le Christ domine la carte, accompagné de deux anges.

Psalter ("The Map Psalter") with added miniatures, XIIIe siècle, British library, Add MS 28681.

La Mappa mundi de Hereford (XIIIe siècle)

La mappemonde de Hereford a été réalisée en 1295 par Richard de Haldingham (1245-1326), prêtre de la cathédrale de Hereford en Angleterre. Elle joue le rôle d'une encyclopédie visuelle en donnant des informations historiques, géographiques, cosmologiques et zoologiques. Cette mappemonde est destinée à instruire les fidèles et à les aider à décrypter les mystères géographiques et théologiques. Au centre de la carte se trouve Jérusalem, illustrée par une scène de la Crucifixion. L'est est placé en haut de la page. L'ensemble est dominé par un Christ en majesté. La carte de Hereford présente le monde à travers le prisme de la foi chrétienne médiévale.

Carte du type « T dans le O » (exemplaire du XVe siècle)

La page présentée est une reproduction d'une illustration d'un manuscrit du XVe siècle, la Fleur des histoires de Jean Mansel, conservé à la bibliothèque royale de Bruxelles. Cette enluminure représente le monde divisé en trois parties. L'Asie est en haut de la page, l'Europe en bas à gauche, et l'Afrique en bas à droite. Les continents sont séparés par la lettre T et entourés par l'Océan. Les trois fils de Noé sont placés chacun sur un continent, et l'Arche de Noé se trouve en haut de la carte. La mappa mundi est orientée à l'est ; les points cardinaux sont inscrits en lettres dorées.

Jean Mansel, Fleur des histoires, vers 1455, Bibliothèque royale de Belgique, Mss 9231.

La Mappa mundi de Fra Mauro (1458)

Fra Mauro (1390-1460), frère dans un monastère de Venise, est également homme de science. Il réalise des cartes géographiques en s'informant des nouvelles découvertes effectuées par les navigateurs, notamment Marco Polo et Nicolò de Conti. Cette carte du monde, datée de 1458 et conservée à Venise, représente la synthèse des connaissances géographiques de l'époque. Elle est la première à montrer le Japon. L’océan Indien est ouvert sur le Pacifique et l'Atlantique. Cette mappemonde est orientée vers le sud. Elle contient également des inscriptions sur les terres et les mers qu'elle présente. En hommage à son travail, son nom a été donné à un cratère lunaire.