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Projection cartographique, une autre façon de voir le monde

La projection cartographique

La Terre est une sphère, ce qui pose problème pour la représenter sur une carte qui est une surface plane. Pour cela, on utilise une projection cartographique, c'est-à-dire que l'on projette une image de la Terre sur une surface plane par le biais de formules mathématiques.

C'est une technique qui permet de représenter le monde dans son ensemble. Toutes les projections comportent des inexactitudes, car toute représentation d'une surface sphérique sur un support plat entraîne des distorsions. Les projections donnent donc une image erronée de la Terre.

Le choix de la projection se décide selon l'usage qu'on fera de la carte pour mettre l'accent sur l'information que l'on souhaite mettre en relief. La projection participe à la vision que l'on se fait du monde. La même information peut être lue de différentes façons, suivant la projection utilisée. Le choix de représentation du monde peut modifier le message délivré. Quand il choisit une projection, le cartographe décide des éléments qui seront représentés sans déformation et les éléments qui seront altérés.

La projection polaire ou azimutale

Les deux sphères présentées montrent la Terre suivant la projection polaire. Le bord de la sphère correspond au cercle équatorial. Cette projection permet de respecter la surface et la forme des continents, mais conduit à leur écartèlement. Cette projection est utilisée pour cibler le pôle Nord ou le pôle Sud.

Schrader, Atlas de géographie moderne, 1907, Médiathèque Pierre-Amalric, FP 30008

Quelques projections

Il existe beaucoup de projections différentes. Dès l'Antiquité, les géographes ont étudié ce domaine. C'est le cas de Ptolémée, qui décrit en 125 dans son ouvrage Géographie, deux types de projections cartographiques. La première est une projection où les parallèles sont des cercles et les méridiens des droites, tandis que, dans la seconde, les parallèles sont des cercles et les méridiens des courbes de plus en plus accentuées lorsqu'on s'éloigne du méridien central. Cette dernière projection est appelée en manteau.

Les projections de Claude Ptolémée

Claude Ptolémée, astronome grec (90-168) ayant travaillé dans la bibliothèque royale d'Alexandrie, réfléchit, en appliquant la géométrie et les principes mathématiques, à résoudre le problème que pose la projection d'un globe sur une surface plane. Il propose deux projections différentes dans son ouvrage Géographie, somme des connaissances géographiques de l'Antiquité. La première projection correspond à celle où les parallèles sont des droites, tandis que dans la seconde, elles sont des courbes.

 

Reconstitution de la projection n°1 de Ptolémée dans : Claudi Ptolomaei, Cosmographia, Bibliothèque Nationale de Naples, MS V.F. 32.

Reconstitution de la projection n°2 de Ptolémée dans : Ptolémée, Géographie, 1901, Médiathèque Pierre-Amalric, FP 10624.

 

En France, on utilise depuis le XVIe siècle, la projection de Mercator où les méridiens et les parallèles forment un quadrillage. Pourtant la plus diffusée et donc la plus connue, elle déforme la représentation des pôles. Plus on s'éloigne de l'équateur, plus la figuration des continents ne reflète plus la réalité. Par exemple, le Groenland a la même taille que le Mexique, mais sur la projection de Mercator, il est représenté sept fois plus grand.

La projection de Mercator

Gérard Mercator (1512-1594), géographe, cartographe, cosmographe et mathématicien, réédite Ptolémée et réfléchit à cette occasion à un système de projection. C'est cette projection que l'on utilise en France aujourd'hui. Pourtant, elle entraîne une déformation de plus en plus importante lorsqu'on s'approche des pôles.

T.-G.-F. Raynal, Histoire philosophique et politique, des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, 1770, Médiathèque Pierre-Amalric, RES ROCH 10991.

Oronce Finé au XVIe siècle a imaginé une projection cordiforme c'est-à-dire sous forme de coeur. Il s'est inspiré de la projection en manteau de Ptolémée. Elle permet de représenter les Terres Australes, continent imaginaire dont les savants du XVIe siècle croyaient en l'existence.

La projection cordiforme

Oronce Finé (1494-1555), astronome et mathématicien, dessine une mappemonde en forme de coeur : c'est une projection cordiforme, dérivée de la seconde projection de Ptolémée. Chaque étendue terrestre est figurée selon des proportions correctes par rapport aux autres. Oronce Finé est le premier à représenter la Terre Australe qui est imaginée jusqu'au XVIIIe siècle comme occupant une grande partie de l'hémisphère sud et contrebalançant le poids des terres septentrionales.

Oronce Finé, Recens et integra orbis descriptio..., vers 1534, BnF, Département des Cartes et Plans, GE DD-2987 (63 RES).

Toujours au XVIe siècle, Jean Cossin a conçu une projection sinusoïdale où les méridiens sont des sinusoïdes et les parallèles des droites équidistantes. Cette projection permet de donner le vrai traict des vents d'après le titre de la carte. La projection Bertin au XXe siècle met face à face l'Amérique du Nord avec la Russie. Elle permet de montrer la situation lors de la guerre froide, car cette projection présente la plus faible distorsion possible au pôle nord.

 

La projection sinusoïdale

Jean Cossin, hydrographe (c'est-à-dire expert en cartographie des océans ou en mesure des fonds marins) à Dieppe, est qualifié d'«excellent faiseur de cartes marines». La carte présentée s'intitule Carte cosmographique ou universelle description du monde avec le vrai traict des vents. Cette mappemonde illustre la spécificité des hydrographes normands qui s'appuient sur leurs expériences de marins et leurs connaissances mathématiques. La projection utilisée est une projection sinusoïdale.

Jean Cossin, Carte cosmographique et universelle description du monde avec le vrai traict des vents, 1570, BnF, Département des Cartes et Plans, GE D-7896 (RES).



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