Religions du livre : quel impact dans les assiettes ?
L'alimentation est un moyen de marquer l'appartenance à un groupe, et cela est particulièrement visible au niveau religieux.
— Dans le judaïsme, l’alimentation est encadrée par un ensemble de règles formant la cacherout. Le porc, mais aussi les serpents, les crustacés, les oiseaux aquatiques, etc. sont considérés comme impurs. Même un animal « pur » ne peut être consommé entièrement, son sang, notamment, étant interdit. Mélanger la viande et le lait (ou tout produit dérivé) est prohibé et les repas comportant l’un ou l’autre doivent être suffisamment espacés dans le temps. Les produits végétaux sont aussi soumis à une réglementation stricte : les fruits provenant d’un arbre planté depuis moins de trois ans ne peuvent être consommés.
Parallèlement à ces différentes règles, le calendrier des fêtes influe aussi sur l’alimentation : shabbat chaque samedi, accompagné de trois repas meilleurs qu’à l’ordinaire, jeûne de Yom Kippour, repas pris dans une cabane pour la fête de souccot, aliments fermentés sont bannis durant Pessah (Pâque juive),...
— Le christianisme ne comporte pas d’interdits alimentaires. Cependant, la gourmandise, ou gula, est dénoncée par les pères de l’Église, et fait partie des sept péchés capitaux. En revanche, le jeûne est paré de vertus morales et purificatrices. Très pratiqué par les moines, il est utilisé comme pénitence par les tribunaux ecclésiastiques au Moyen Âge.
La pratique du jeûne évolue au fil du temps : avancement de l’heure du premier repas autorisé dans la journée, assouplissement de la composition de ces repas : le poisson n’a ainsi été autorisé qu’à partir du Moyen Âge. Mis bout à bout, les jours maigres peuvent représenter plus de la moitié de l’année ! Les livres de recettes proposent des variantes permettant de s’adapter à ces impératifs religieux. Certains aliments, comme la macreuse (canard sauvage), le castor ou le chocolat, font débat et sont à l’origine de véritables traités. Les occasions de jeûner sont nombreuses, mais les dispenses également : mineurs, malades, personnes âgées ou encore celles « poussées par une urgente nécessité » peuvent continuer à manger normalement.
— Dans l’islam, c’est la sourate 5, dite sourate de la table, qui contient les normes alimentaires à respecter. Les aliments permis sont dits halâl. En sont exclus le porc et l’alcool. La viande doit être saignée et abattue selon les rites prescrits. Le jeûne est l’un des piliers de l’islam : du lever au coucher du soleil, il faut s’abstenir de manger et de boire, même de l’eau. Le plus connu est celui du mois de Ramadan. Il existe des dispenses et le jeûne peut être reporté ou remplacé par une aumône.
Une exposition sur l'alimentation : pourquoi ?L'art de conserver la santé