Littérature gourmande
« Il n'y a que les français qui ne savent pas manger, puisqu'il leur faut un art si particulier pour rendre les mets mangeables », Jean-Jacque Rousseau.
— Le terme gastronomie vient du grec gastronomia, « l’art de régler l’estomac », dont l’occurrence la plus ancienne serait le traité du même nom d’Archestrate (IVe s. av. J.-C.) parvenu jusqu'à nous grâce au Banquet des savants, d’Athénée de Naucratis (IIe-IIIe s.). L’auteur y relate un riche dîner, occasion d’aborder les coutumes de table, les aliments, la vaisselle, les menus, etc. Dans la littérature antique, le thème du banquet est fréquent, thème central (Satyricon de Pétrone) ou plus anecdotique (Juvénal, Martial).
Le premier traité gastronomique, De l'honnête volupté, rédigé par l'humaniste italien Bartolomeo Sacchi, dit Platine, est publié en 1473. A la même époque, les poésies de Villon et les truculences de Rabelais font aussi la part belle à la bonne chère et à la boisson.
— Aux XVIIe et XVIIIe s., les ouvrages de recettes sont souvent accompagnés d’un discours théorique, rédigé par une personne différente du cuisinier, et étrangère au domaine. Ces textes occasionnent de nombreuses querelles.Parmi les encyclopédistes, la nouvelle cuisine fait débat : Foncemagne, préfaceur de Menon en fait un facteur des Lumières à part entière, les aliments influant directement l’individu qui les consomme, et donc ses idées et ses actions. Rousseau codamne le luxe et le progrès qu'elle représente. Le chevalier de Jaucourt, auteur de nombreux articles de l'Encyclopédie, notamment ceux en rapport avec la cuisine et l'alimentation, adopte une position médiane : s'il condamne la cuisine comme « une science des plus pénibles », opposée à la frugalité biblique originelle, il la reconnaît comme un marqueur de culture nécessaire.
— Le XIXe s. marque l’apparition d’un nouveau personnage dans le paysage culinaire : le gastronome. Les grands cuisiniers atteignent un statut d’artistes : le gastronome est leur critique. L'un des plus connus, Grimod de La Reynière est l’auteur de deux ouvrages à l'origine de la « littérature gourmande » : l’Almanach des gourmands (1803-1812) et le Manuel des amphitryons (1808), dans lesquels il expose le « code gourmand » à respecter, ainsi qu'un répertoire d’adresses, une nouveauté pour l'époque. L’autre père fondateur de la gastronomie, Brillat-Savarin, est à l’origine d’un traité théorique : Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante (1825). Il s'agit d'un recueil d’expériences, d’anecdotes, d’exposés historiques sur les aliments, accompagnés d’importantes parties scientifiques. Le terme de « gastronomie », se répand et entre au dictionnaire de l’Académie française en 1835. La littérature gourmande se développe au cours du siècle, accompagnée de nombreux écrits poétiques, de chroniques dans la presse et de journaux spécialisés. Le genre qui s’impose est le guide, encore prisé de nos jours.
Les livres de cuisineCafé, thé, chocolat : des boissons importées